Le Printemps au Palais de Tokyo

Une balade au Palais de Tokyo est toujours étonnante ...Sensible car l'exposition nous ouvre ses portes sur des artistes qui portent une attention particulière sur cette matière instable qu'est le mouvement! Dés l'entrée le regard est surpris par cette balise maritime qui est suspendue au-dessus de nos têtes et qui se déplace selon une chorégraphie aléatoire...on a du mal à en détacher nos yeux, en mouvement imprévisible, elle est entraînée par l'introduction d'une modification infime dans un système chaotique , baromètre infatigable des humeurs de lanature.


D'un point de vue philosophique, "Être sensible" c'est changer au contact de l'autre; c'est le devenir inattendu de nos destins croisés et mélangés. 
Le premier artiste que l'on découvre est Theaster Gates (né en 1973 à Chicago où il vit encore  et travaille). "Amalgam" est sa première exposition personnelle en France. Sculpteur, peintre, céramiste, videaste, performeur, musicien...il explore dans les oeuvres proposées les histoires sociales de la migration et du mélange raciale qui en découle. Amalgam est l'histoire de Malaga, petite île perdue de l'Etat du Maine aux Etats-Unis.

C'est une histoire triste! Et on en parcourt sa mémoire ! La première oeuvre est monumentale : c'est une toiture en ardoise juste posée sur le sol... Comme si le reste de la maison était enseveli.

Une autre salle présente : "MALAGA DÉPT.OF TOURISM", une multitudes d'objets retrouvés sur l'île sont installés sur une estrade, nostalgie d'un passé révolu.  Masque aux yeux vides comme des fantômes de l'île. La deuxième oeuvre monumentale du même artiste nous saisit par sa beauté "SO BITTER, THIS CURSE OF DARKNESS, si amère cette malédiction des ténèbres": c'est une forêt de frênes sculptés en colonnes, comme des totems,  forêt de masques...

C'est sobre et beau. C'est en mémoire à cette communauté de Malaga dont toute trace a été délibérément effacée par les pouvoirs publics en 1912: Quelque part dans la mort d'un arbre se cache la vérité de sa force, Theaster Gates.


Dans les salles du bas, Angelica Mesiti (1976, Quand faire c'est dire), explore la potentialité de la communication non verbale (danse, musique) ainsi que la possibilité de nouveau langage sans paroles.

La grande salle suivante est occupée par les oeuvres de Julien Creuzet (1986) qui occupent l'espace comme une grande place publique où régnerait un état de tension permanente si propre à notre époque . On y déambule au rythme d'une bande son qui accompagne la profusion des oeuvres qui composent une multitude de récits fragmentés. 



On en sort étonné, un peu décoiffé, la vue un peu brouillé ...la librairie est incontournable, on peut y rester des heures à feuilleter les beaux livres...puis finalement on retrouve avec bonheur la galerie d'Amelie où tout est calme et sérénité, les oeuvres proposées sont celles avec lequel je préfère vivre.