Paul Sérusier et le post impressionnisme

Paul Sérusier est un peintre postimpressionniste que l'on associe au mouvement des nabis, mouvement qui est né en marge de la Peinture académique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Nabi est le nom que se sont donné les jeunes peintres qui se regroupent autour de Paul Sérusier, vers 1888. En arabe, le terme nabi se traduit par "orateur", ou "annonciateur"..., en Occident, on l'a traduit par "prophète », illuminé"...



Ce cercle se forme autour d'une controverse d'une peinture de Paul Sérusier : « Le Talisman, l'Aven au Bois d'Amour «, réalisée sous la direction de Paul Gauguin que Paul Sérusier rencontre à Pont -Aven pendant l'été 1888. Gauguin lui présente son Christ jaune" et encourage Sérusier à prendre de la liberté dans sa peinture, à ne plus imiter, à utiliser des couleurs vives et pures, à exagérer ses visions, à assumer sa propre logique symbolique. "Comment voyez-vous cet arbre, il est vert, mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette ! et cette ombre, plutôt bleue ? Ne craignez-pas de la peindre aussi bleue que possible." "Une leçon de peinture " de Paul Gauguin au jeune peintre devant un coin du Bois d'Amour.



A son retour à Paris, ce tableau fait naître des débats enflammés au sein des étudiants de l'Académie Julian et de l'Ecole des Beaux-Arts sur le rôle sacré de l'art et de la peinture, et c'est ainsi que Sérusier forme le groupe des nabis avec ses amis proches : Pierre Bonnard, René Piot, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Felix Vallotton... pour n'en citer que quelques-uns...  Ils se donnent tous un surnom et signent les lettres qu'ils échangent du sigle ETPMVMP » En Ta Paume Mon Verbe et Ma Pensée ". Paul Sérusier sera " le nabi à la barbe rutilante". En été 1889, Sérusier revient dans la région de Pont-Aven et s'installe au village du Pouldu, dans la petite pension de Marie Henry, qui devient rapidement le foyer de l'Ecole de Pont-Aven.
Le mouvement des nabis ne durera que quelques années, après le départ de Gauguin pour Tahiti en 1891, les liens du groupe se relâchent et chacun prendra des voies différentes. A partir de 1892, Sérusier peint des figures monumentales et solides de paysans bretons. Sa palette change, les couleurs sont moins vives, il les rompt avec du gris. En 1895, il visite le monastère bénédictin de Beuron en Allemagne. Les moines artistes ont des principes selon lesquels les lois de la beauté seraient divines et mystérieusement cachées dans la nature ; Sérusier de retour à Paris appliquera cette doctrine des moines en développant un art reposant sur le calcul, les mesures et l'harmonie des formes et des proportions.



La postérité présentera ce tableau " Le Talisman" comme l'annonce d'une nouvelle conception de la peinture, autonome et abstraite.
Une exposition au musée d'Orsay "Le Talisman de Sérusier » (du 29 janvier au 2 juin 2019) revient sur l'histoire de cette œuvre iconique qui fait partie des collections du musée d'Orsay ; on y retrouve aussi plus de 60 œuvres liées à l'école de Pont-Aven.