Alphonse Mucha au musée du Luxembourg

Le morave Alphonse Mucha (1860-1939) n'a pas été exposé à Paris depuis près de quarante ans (rétrospective au Grand-Palais en 1980). Le musée du Luxembourg lui rend ici un bel hommage. Nous avons tous en tête au moins une affiche de Mucha ! Souvenez vous les boîtes de gâteaux LU. Son style est si personnel que l'on peut parler d'un style Mucha : des formes sinueuses, une variété de motifs ornementaux (japonais, celtique, islamiques, grecs, gothiques, rococos et bien-sûr slaves !) qui mêlent des jeunes femmes lianes à des fleurs et feuillages. Les tons sont pastels. C'est ce style qui incarnera à l'époque l'Art nouveau dans les arts décoratifs.

Alphonse Mucha est un artiste très polyvalent : peintre, sculpteurphotographe et décorateur. Mais ce sont ses affiches qui feront sa renommée. Mucha accède à la célébrité en 1895 à Paris avec Gismonda, sa première affiche pour Sarah Bernhart (la plus grande artiste de l'époque). Il faut savoir que dans les années 1890, l'affiche occupe une place essentielle dans la culture visuelle. La lithographie en couleur et le développement de la publicité font de Paris une véritable galerie à ciel ouvert. 


Mucha est d'origine slave et ses oeuvres tardives témoignent de ses convictions politiques et humanistes, de son esprit militant et idéaliste et de son rêve d'unité entre tous les peuples slaves. 

L'exposition nous fait le portrait d'un artiste complet et complexe ; elle retrace à travers son parcours artistique sa vision sociale et philosophique. En tout, 200 oeuvres explorent "cette épopée slave" et toute les facettes de cet artiste flamboyant à l'imagination féconde. 

Au détour d'une salle on apprend l'amitié qu'il partage avec Gauguin : à la fin de 1893 c'est un Gauguin fauché, de retour de Tahiti, qui entre dans la crémerie de Madame Charlotte, où se réunit "Le cercle des artistes de la Grande Chaumière". Mucha qui commence à percer dans l'Illustration habite en face de la crémerie ; Gauguin devient alors son "compagnon d'atelier". Cette amitié est illustrée par plusieurs photographies de Mucha ! C'est émouvant de découvrir en photo le visage de Gauguin ! On le voit même jouant du piano en caleçon et ça nous fait sourire. 

Finalement, les affiches sont raffinées, le dessin est précis, et c'est toute une époque que l'exposition nous fait joyeusement découvrir. Elle attire beaucoup de monde, ce sera son seul défaut ! 

À chaque époque son style : Amelie dans son Art Room, rue Clauzel sait réunir autour d'elle des artistes contemporains qui résument parfaitement "son style à elle"... Tout est choisi et sélectionné avec talent et goût... On y va, et on y retourne.