Gauguin, l'alchimiste

La dernière grande exposition parisienne date de 2003... Gauguin, on connaît... Mais le Grand Palais nous invite cette fois-ci à aborder cet Artiste (je mets un "A" tant son génie est total !) avec toute la singularité  du personnage haut en couleur et volontiers provocateur, en revenant sur la vie extraordinaire de cet homme si créatif et si libre. "Ce que je désire, c'est un coin de moi-même encore inconnu." écrivait-il à Émile Bernard en 1889. Ou encore : "Une terrible démangeaison d'inconnu qui me fait faire des folie." lui dira-t-il ! Et c'est cette promesse de désir et d'inconnu qu'il nous invite à redécouvrir avec lui.

Notre homme à la bougeotte, mais il poursuit une idée fixe. De Paris à Pont-Aven, de Martinique en Arles, de Tahiti aux Îles Marquises... De salle en salle, de toile en toile, nous voyageons à ses côtés... Il cherche inlassablement dans ses voyages les ferments de son art, prêt pour ça à tout bousculer... et nous avec ! Puisant ici et là sa quête d'un moi sauvage et barbare : "Je m'en vais à Panama pour vivre en sauvage, je connais une petite île presque inhabitée, libre et fertile, j'emporte mes couleurs et mes pinceaux et je me retremperai loin de tous les hommes..." 

Gauguin transforme les matériaux, Gauguin décloisonne les disciplines, Gauguin expérimente. Ses céramiques, ses bois et ses gravures sont moins connus et c'est avec un réel étonnement qu'on les découvre. Son "bibelotage" comme disait Camille Pissarro. Toujours en quête de nouveaux supports ! Il a exploré les arts les plus divers : peinture, dessin, gravure, sculpture, modelage, céramique... Et ce sont tous ces chefs d'œuvres réunis ici qui nous résument le mieux son processus de création : travail de l'artiste sur la matière et la couleur, répétition de thèmes à grandes portées symboliques, motifs récurrents où se dévoile un monde imaginaire détaché de toute réalité "Tout cela chante douloureusement en mon âme et mon décor, en peignant et rêvant à la fois..." (1899).

En 1901, c'est dans l'archipel reculé des Marquises, à Atuona, qu'il s'installe. Il y construit sa "Maison du jouir" et c'est dans cette dernière demeure que Gauguin s'éteindra le 8 mai 1903. 

Zeuxis se reconnaît dans cette liberté d'expression... Gauguin, cette autodidacte qui libère la ligne et place le dessin au cœur de son processus créatif, nous confie : "Mon rêve ne se laisse pas saisir, ne comporte aucune allégorie : poème musicale, il se passe de libretto."


Paysannes bretonnes, 1894


Jour de dieu, 1894


Pastorales Tahitiennes, 1892

Exposition Gauguin l'alchimiste au Grand Palais

Du 11 octobre au 22 janvier 2018

Tous les jours de 10h à 20h, nocturnes les mercredis, vendredis et samedis jusqu'à 22h