Fabienne Verdier au Musée Granet

Depuis le 21 Juin, Le Musée Granet consacre une première rétrospective à Fabienne Verdier (dont nous avons déjà parlé dans le cadre de la réalisation de l’affiche de Roland Garros en 2018).

Fabienne Verdier est née en France en 1962. Depuis ses études aux Beaux-Arts de Paris, son parcours artistique et sa vie sont composés de rencontres avec des philosophies et des cultures différentes qui ne font qu’enrichir son oeuvre. Elle a notamment passée plus de dix ans à Chongqing à la Sichuan Fine Arts Institute aux côtés de grands maîtres calligraphe réputés. Une expérience qu’elle raconte dans son ouvrage « Passagère du Silence ».

Quand elle demande à son maître calligraphe, Huan Yuang, si elle peut ajouter de la couleur à son exercice, il lui répond :

« […] dans les variations infinies de l’encre de Chine, tu peux interpréter les mille et une lumières de l’univers. […] Le noir possède l’infini des couleurs; c’est la matrice de toutes. […] Avec les ressources du noir et le vide du papier blanc, tu peux tout créer, […]. Le noir est le révélateur premier de la lumière dans la matière ».

Elle y parviendra néanmoins, après quelques années passées à apprendre la lumière dans le noir (une étude qui nous rappelle évidemment le travail du Maître du noir, Pierre Soulages).

«  Les lettrés chinois m’ont appris à me laisser pénétrer par la complexité des formes de la nature qui se transforment, dans notre cerveau, en une banque de données extraordinaire. Et un jour, ces formes deviennent tellement présentes dans votre esprit qu’elles naissent d’elles-mêmes sur la toile. Lorsque je pose mon pinceau, il m’arrive de ne pas croire à ce qui s’est passé. Ce sont des petits miracles, des états de grâce qui sont rares. »

En 1992, elle rentre en France, dans le Vexin, son lieu de vie et de travail. Avec l’aide de l’architecte Denis Valode, elle va créer un étonnant atelier d’une hauteur de dix mètres, construit autour d’un immense pinceau. Ce pinceau unique, elle le guide à l’aide d’un guidon de vélo et d’un système de rails, qui lui permettent de se déplacer facilement sur de larges toiles.

« Au départ, on nous enseigne la peinture de chevalet. J'ai voulu faire un pas de côté, trouver d'autres façons d'aborder l'art de peindre. Je suis avec un pinceau suspendu qui a entre 80 et 100 litres d'eau. J'ai appris à travailler avec cette haute technologie au-dessus de ma tête. J'ai été formée par les vieux lettrés chinois, seule pendant dix ans, face à moi-même, pour explorer ce qu'était le réel. Un grand chemin initiatique, dans une solitude terrifiante. J'essaie de naviguer, de trouver une écriture qui raconte ces fondements. »

Le travail de Fabienne Verdier est exposé dans de nombreux pays et entre dans plusieurs collections publiques dont le MNAM Centre Pompidou à Paris, le Kunsthaus à Zurich et la Pinakothek der Moderne à Munich. 

« Tout ce qui a été créé sur terre provient d’un mouvement simple ».

Du 21 juin au 13 octobre 2019: « Fabienne Verdier sur les terres de Cézanne », Musée Granet, Aix en Provence.