La Liberté guidant le Peuple - Juillet 2018

Après une journée de fête nationale et un lendemain sportif et festif digne d'une seconde fête nationale ; arrêtons-nous sur un tableau patriote célébrissime exposé en ce moment au Louvre dans le cadre d'une exposition sur Delacroix : la Liberté guidant le peuple. 

Un drapeau bleu blanc rouge, une Marianne fougueuse, un mouvement vers le spectateur, des hommes armés, des corps au sol, un ciel nuageux et lourd, il n'y a pas de doute, c'est une scène révolutionnaire. En revanche, contrairement aux idées reçues, le tableau n'est pas une scène de la Révolution française de 1789 mais de celle de juillet 1830 appelée les Trois Glorieuses. 

A la suite de l'exil de Napoléon sur l'ile de Saint Hélène après sa défaite à Waterloo, la royauté est rétablie en 1814 avec l'arrivée sur le trône de Louis XVIII puis de Charles X dix ans après ; qui prend des mesures abusives et impopulaires qui remettent en cause les déclarations actées en 1789. C'est notamment la suppression de la liberté de la presse qui fait exploser la révolte ; le peuple descend dans la rue les 27, 28 et 29 juillet  : ce sont les Trois glorieuses !

Décor idéal pour Eugène Delacroix qui aime s'inspirer des événements historiques et s'engager dans les sursauts sociétaux (il serait le fils de Talleyrand, un homme politique de premier plan du 19ème siècle). 

Ce tableau témoigne effectivement du soutien de l'artiste au peuple : c'est un hymne à la Liberté représentée par une Marianne élancée qui mène les citoyens à la victoire. Symbole du combat, déifiée (elle a le profil et la tenue d'une déesse grecque), sa baillonnette à la main la rend réelle, active et moderne. 

Le jeune gavroche incarne la jeunesse révolté par les abus du pouvoir royal. Le conflit touche bien toutes les générations. 

Le noble au chapeau surprend et ne fait toujours pas l'unanimité (ça pourrait être Eugène lui-même) mais témoigne que toutes les classes sociales sont impliquées. 

L'homme au foulard, qui tente de se relever à la vue de la Liberté, serait un paysan. Les couleurs de ses habits rappellent de façon suggestive celles du drapeau. 

Le combat est souligné par les barricades, les soldats gisant au sol, la fumée des canons en arrière plan et au fond, on aperçoit Notre Dame de Paris où se déroule la révolution et qui symbolise le romantisme. 

Cette huile sur toile immense (2,6 sur 3,25 mètres) qui glorifie le citoyen - beau, fort et grand - sera fini l'année même de la Révolution. 

Rejetée par les critiques à l'époque - une Femme en est son socle ! sein nu en plus ! - , il fut caché pendant longtemps avant d'entrer au musée du Luxembourg en 1863 puis au Louvre en 1874. 

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Sur l'exposition au Louvre...

Pendant une quarantaine d'années, Eugène Delacroix a réalisé près de 800 peintures et des milliers de dessins. 

Il n'y avait pas eu d'exposition sur lui depuis l'immense rétrospective de son centenaire en 1963.

L'exposition actuelle - courte mais bien construite - essaye de nous montrer comment a évolué sa peinture toute sa vie rythmée par des révolutions politique et artistique. 

L'exposition est organisée en 3 parties : 
- De 1822 à 1834, l'appétit de nouveauté, de gloire et de liberté,
- De 1835 à 1855, la peinture murale à son sommet pendant l'exposition universelle de 1855,
- De 1856 à 1863, l'attrait pour le paysage. 

Le Louvre

Rue Rivoli, 75001 Paris