Miquel Barcelo

Miquel Barcelo

 

 

Une balade à la Fondation Carmignac, installée sur l’île de Porquerolles, qui accueille pour l’été plusieurs œuvres et installations du sculpteur, peintre, dessinateur, graveur et céramiste Miquel Barcelo, est l’occasion de se replonger dans le travail de l’artiste espagnol.

 

 

L’exposition, qui regroupe une trentaine d’artistes, se penche sur le thème poétique et imaginaire de la mer. Dans une pièce voûtée du mas provençal modernisé, éclairée par la lumière naturelle, apparaît sur toute la longueur une vision abyssale : une fresque sous-marine et primitive inspirée des plongées de l’artiste. Ce dernier décrit son processus créatif ainsi : “Quand je travaille sur un grand tableau (...), c’est comme si je plongeais en apnée. (...) Puis j’en sors pour souffler de l’eau de mer par le tuba…”. Ce souffle qui vient des profondeurs nous offre la vision d’un écosystème en mouvement peuplé de poulpes et créatures légendaires, sortes d’aliens préhistoriques naviguant dans le bleu laiteux de l’infini océanique.

 

 

À l’étage on pénètre dans un espace beaucoup plus terrestre, rudimentaire et immersif. Dans cette grotte boueuse et d’argile qui semble avoir accueillie une myriade de civilisations passées, on s’imagine spéléologue découvrant les trésors d’une autre époque. Sur les murs de ce labyrinthe organique des squelettes de poissons, de pieuvres, de diverses créatures aquatiques, témoins d’un monde révolu.

 

Picasso aurait dit “mon seul maître c’est Lascaux” et on retrouve cette idée chez Miquel Barcelo qui raconte passer plus de temps dans les grottes que dans les galeries ou les musées. À Majorque, où il vit, il passe ses journées dans des grottes éclairées à la bougie à dessiner sur les murs avec son enfant de 10 ans. Le résultat qui naît de ce dévouement, de cette passion pour ces espaces organiques et reclus, est incroyablement apaisant. Un retour nécessaire à la nature et à la matière.