Joan Miró...deuxième partie

Miro envisage de vivre l’hiver à Paris et de se ressourcer l’été à Montroig. En 1921, c’est son deuxième voyage à Paris, il s’installe dans un atelier, 45 rue Blomet, au cœur de Montparnasse. « C’était une époque très dure : les vitres étaient cassées, mon poêle, qui m’avait coûté 45 francs au marché aux puces, ne marchait pas. Cependant l’atelier était très propre. Je faisais moi même le ménage. Comme j’étais très pauvre, je ne pouvais m’offrir qu’un déjeuner par semaine : les autres jours je me contentais de figues sèches. ». Son voisin est le peintre André Masson et ils vont former le premier noyau de ce que l’on appellera « Le Groupe de la rue Blomet »...(Leiris, Desnos, Limbour, Artaud, Tual, Prevert, Salacrou)...tous rejoindront plus tard le surréalisme. Puis il signe un contrat avec Dalmau qui lui achètera toutes ses toiles pour 1000 pesetas et s’engage à lui organiser des expositions.

Entre le Nu debout et Maternité (1924), seulement trois ans se sont écoulés. On constate l’effort de synthèse que fourni Miró en si peu de temps, il est immense ! De la femme ne reste que la tête minuscule plantée de quelques poils, une ligne droite la relie à un triangle noir percé d’un trou : le sexe. Deux enfants sont accrochés aux seins. Toute la composition repose sur ces seuls attributs sexuels de la fécondité. C’est une des ruptures les plus importantes dans le parcours de l’artiste.


Comme promis, Dalmau lui organise en mars 1921 une exposition à la galerie La Licorne. Il a 28 ans et c’est sa première exposition internationale qui sera malheureusement un deuxième échec.  Il n’a plus d’argent et il repart s’installer à Montroig où il travaille pendant six mois à son chef d’œuvre de sa période réaliste « La Ferme »1921-1922. Lorsqu’il rentre à Paris, il est rejeté par tous les marchands et galeries; il décide alors d’exposer sa Ferme un soir dans un café de Montparnasse. Ernest Hemingway l’achète pour 5000 francs.

Miró s’achemine progressivement vers quelque chose d’artistiquement révolutionnaire. Sous l’impulsion des autres artistes qu’il côtoie, un autre langage va naître issu de l’irrationnel et de l’inconscient.

« La poésie ouvrait de nouvelles possibilités pour moi , et me faisait aller au-delà de la peinture »... Quatres toiles vont marquer la naissance de ce nouveau vocabulaire: "Terre labourée", « Paysage Catalan », « Pastorale », et « La Famille »...(1923-1924).
Miro commence à explorer le monde des signes et la fantaisie qu’on lui connaît commence à apparaître. « Pour moi un arbre ce n’est pas un arbre... mais une chose humaine, surtout les arbres de chez nous, les caroubiers... ».

A Paris il se confronte à l’art de Paul KleeGiorgio de Chirico, Francis Picabia... il étudie la philosophie de Nietzsche...Et c’est en associant toutes ses réflexions et ses images que l’œuvre de Miró se voit accomplir une avancée considérable. Le Baiser (dessin 1924). Cônes, pyramides, et cylindres suffisent à décrire ses visions du corps de la femme; un grand pied et une moustache résument  son « Gentleman ». C’est un monde compliqué et peuplé de figures simplifiées, inconnu et surprenant dans ce monde de l’art des années 20. 
« En 1925, je dessinais presque entièrement d’après des hallucinations… » (Le Carnaval d’Arlequin-1924-1925).


C’est le moment où le Groupe de la rue Blomet rejoindra le mouvement surréaliste et son fondateur André Breton. « Miró, le plus surréaliste d’entre nous » dira Breton. Ses toiles se font de plus en plus abstraites.
C’est seulement après la deuxième guerre mondiale que Miro profitera d’une notoriété; les expositions se succèdent dans le monde entier. Miro écrira à Pierre Matisse : « Je crois que les « Constellations » c’est une des choses les plus importantes que j’aurais faites et quoique de petit format elles donnent l’impression de grandes fresques ».


Il existe deux fondations Miró à Barcelone et à Palma de Majorque- toutes deux initiées par le peintre lui-même, ses amis et son épouse Pilar. L’une et l’autre s’attache à promouvoir l’art contemporain.