Édouard André et Nelie Jacquemard reçoivent dans leur hôtel particulier du boulevard Haussmann la collection Ordrupgaard (il ne faut même pas essayer de le prononcer !), l'une des plus étonnantes collections impressionnistes du monde qui est nichée dans un élégant manoir de la banlieue huppée de Copenhague. C'est Wilhelm Hansen (1868-1936), brillant entrepreneur et amateur d'art avisé aux goûts délicats qui en est à l'origine. Il inaugurera sa galerie de peinture dans sa propriété d'Ordrupgaard, en septembre 1918. La splendide villa se trouve sur une île dans la Baltique au nord de Copenhague.

Mais revenons chez nos amis Jacquemard André !

C'est dejà un privilège de déambuler de pièces en pièces et de découvrir cette collection de mobiliers, tableaux, sculptures, tapisseries et objets d'art du XVIII e siècle. On ressent la passion et l'âme de ses anciens propriétaires ; la demeure semble les attendre, un bouquet de pivoines blanches sur la grande table ronde. On aurait presque envie en les attendant de prendre un thé dans le fumoir derrière le jardin d'hiver. Au premier étage on s'étonne de la fraîcheur de la fresque de Giambattista Tiepolo... bref le Lieu mérite à lui seul une balade, nous reviendrons !

L'exposition occupe 8 salles (un peu exigües à mon goût) et nous dévoile la collection des Hansen (Wilhem et son épouse Henny). Sacré bonhomme que ce Wilhelm Hansen (1868-1936), self-made man, patron de compagnies d'assurances, il constitue en quelques années une des plus belles collections du continent, avant de la perdre en grande partie à cause de la faillite de sa banque, puis de la reconstruire.

Chaque salle nous dévoile un thème :
- Le paysage de Sisley à Corot "Le tableau doit donner l'illusion de la vie... c'est la vie qui donne l'émotion." Confidence d'Alfred Sisley.
- La nature morte de Manet à Matisse. "Ce que je rêve, c'est un art d'équilibre, de pureté et de tranquillité." Nous chuchote Matisse lorsque l'on passe devant son tableau "Fleurs et fruits" (1909)
- La veine réaliste avec Courbet et l'Ecole de Barbizon  
- Le portrait dans l'intimité des impressionnistes, troublée par la "Femme à l'éventail de Berthe Morisot". La singularité de Berthe Morisot fut de "vivre sa peinture et de peindre sa vie" dira d'elle Paul Valéry.

Chance de revoir les baigneuses de Paul Cezanne ou de découvrir "les arbres bleus" (1888), "La petite rêve" (1881) et "portrait d'une jeune fille" (1896) de Paul Gauguin qui sont tout simplement sublimes et méritent à eux seuls le déplacement.

On termine par une jolie citation de Cezanne : "Pour l'artiste voir c'est concevoir et concevoir c'est composer !", qui fait écho à celle de Zeuxis : "Faites le mur.. de Noël", Zeuxis vous attend rue Clauzel...